Trump parviendra-t-il à enterrer le climat une deuxième fois?

Donald Trump n’a qu’une politique en matière d'énergie: miser sur les fossiles, tout en travaillant activement à enterrer la question du réchauffement climatique dans l'opinion. Mais les Etats-Unis sont bien plus avancés sur le chemin de la transition énergétique que lors de son premier mandat. A-t-il encore une capacité de nuisance sur ces sujets?

Slogan projeté sur une façade de l'embassade des Etats-Unis à Berlin par l'ONG Greenpeace le 2 juin 2017, pour protester contre le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris. | Keystone / AP Photo / Michael Sohn
Slogan projeté sur une façade de l'embassade des Etats-Unis à Berlin par l'ONG Greenpeace le 2 juin 2017, pour protester contre le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris. | Keystone / AP Photo / Michael Sohn

En janvier 2017, six jours avant l’investiture de Donald Trump, j’ai assisté à un hackathon d’un genre singulier au sein d’une bibliothèque de l’Université de Pennsylvanie. Dans un chaos organisé, les volontaires, archivistes, bibliothécaires ou informaticiens, écumaient les sites officiels du gouvernement américain, à la recherche de données sur le changement climatique à sauvegarder d’urgence. De tels groupes ont essaimé un peu partout dans le pays après l’élection.

Sur les tableaux blancs s’affichaient alors les objectifs de ces sauveteurs improvisés. Dupliquer plusieurs décennies de statistiques sur les carottes glaciaires de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). Récupérer les résultats des contrôles de qualité de l’air effectués par l’Agence de protection de l’environnement (EPA, équivalent du ministère de l’Environnement, ndlr.) sur les quatre années précédentes. Trouver un moyen de sauvegarder une carte détaillée des usines et des centrales les plus émettrices de gaz à effet de serre.

Enterrement de première classe

Les participants du hackathon redoutaient que la nouvelle administration ne supprime l’accès à ces données publiques. Une semaine plus tard, leur crainte s’était réalisée.

A midi, le jour même de l’intronisation, toute mention du changement climatique avait disparu du site officiel de la Maison-Blanche. En mai, l’équipe avait supprimé la page de l'EPA présentant la science du climat au grand public, ainsi que 108 pages dédiées au Clean Power Plan d'Obama, destiné à réduire les émissions carbones des centrales électriques. Quelques mois plus tard, l’administration Trump tentait d’abroger ce plan historique dans sa totalité.

La nouvelle administration voulait à l’évidence qu’on oublie le changement climatique. Au-delà de son inaction politique, elle a fait disparaître la seule mention du sujet de l’ordre du jour national – et par extension, des priorités internationales. Si Trump revient aux manettes, il ne manquera pas de s’atteler à enterrer le dossier du climat avec une énergie redoublée.

La crainte d’un effet domino

Quelles seraient les conséquences d’un tel retour, au plan international? Michael Gerrard, fondateur et directeur du Sabin Center for Climate Change Law à l'Université de Columbia, pense que les Etats-Unis sortiraient de nouveau de l’accord de Paris. Malgré leur statut de deuxième plus gros émetteur mondial, et sans conteste le plus riche, les Etats-Unis continuent de montrer peu d’intérêt pour le financement de l’action climatique mondiale – y compris sous administration démocrate. Pour l’heure, cependant, le pays figure toujours à la table des négociations internationales sur le climat.

Cet article est réservé aux abonnés.

Pour lire la suite de cet article et des milliers d'autres, abonnez-vous à partir de CHF 12.- par mois.

Le journalisme de qualité nécessite du temps, de l'investigation et des moyens. Heidi.news est sans publicité. L'avenir de votre média dépend de vous.

Pas sûr·e de vouloir vous engager? Votre premier abonnement comprend 30 jours d'essai gratuit.

Je profite des 30 premiers jours gratuits