Comment Trump pourrait faire de l'Amérique un Etat mafieux

Donald Trump a profité de son premier mandat pour augmenter drastiquement le seuil de tolérance des Américains à la corruption la plus élémentaire. De retour aux manettes, il aurait toutes les cartes en main pour instaurer un véritable Etat mafieux, sur le modèle de la Hongrie de Victor Orban.

Trump en conférence à Austin (Texas), le 20 novembre 2019. | Keystone / EPA / Jim Lo Scalzo
Trump en conférence à Austin (Texas), le 20 novembre 2019. | Keystone / EPA / Jim Lo Scalzo

Dans les annales gouvernementales, l’année 2017 appartient déjà à une ère révolue. En septembre de cette année-là, Tom Price, le secrétaire à la Santé nommé par Donald Trump tout juste élu, a dû quitter son poste en pleine disgrâce. Son péché? Il avait voyagé en jet privé, aux frais du contribuable, au lieu d’emprunter des vols commerciaux. La transgression paraît anodine par rapport aux abus de pouvoir qui vont suivre, mais à l’époque même Donald Trump s’était senti obligé de crier avec les loups.

Dans les premiers mois de la présidence de Donald Trump, on ne savait pas encore trop quel degré de corruption la nation – et le Parti républicain – seraient susceptibles de tolérer. C’est la raison pour laquelle celui-ci s’était résigné à limoger son éphémère ministre. Mais son parcours dans l’immobilier, sa propension à distribuer les pots-de-vin et intimider les officiels, suggéraient déjà qu’il voyait la Maison-Blanche comme un outil de sa fortune personnelle.

Dix jours avant son entrée en fonction, Trump a tenu une conférence de presse devant d'imposantes piles de dossiers destinées à suggérer qu’une analyse juridique rigoureuse avait été menée. Là, il a annoncé qu’il ne se départirait pas de ses intérêts commerciaux. Ainsi est-il est devenu le premier président américain moderne à bénéficier d’un vaste réseau d’entreprises dans le monde entier, et avec son nom en lettres d’or s’il vous plaît.

Comme un lent pourrissement

Tout cela ne s’est pas produit du jour au lendemain. Les premiers temps de la présidence ont permis de tester les limites. Trump s’est d’abord servi de ses hautes fonctions pour exploiter sans vergogne son empire immobilier. Lors des visites officielles du président ou de sa famille, il n’a pas hésité à facturer des sommes exorbitantes aux services secrets pour l’hébergement d’agents en mission – jusqu’à 1185 dollars la nuit au Trump International Hotel de Washington, d’après le comité de surveillance de la Chambre des représentants.

Lorsque Trump et ses fidèles ont quitté la Maison-Blanche, ils avaient réussi à effacer à peu près toute réticence vis-à-vis de ces pratiques, tant au sein du Parti républicain que de la société en général. Et ils ont profité de leur séjour à la tête de l’Etat pour se fabriquer un véritable petit manuel du spécialiste en corruption, trafic d’influence et prise illégale d’intérêt.

Ce savoir-faire, ce sens de l’impunité, ce talent pour ne jamais oublier de se remplir les poches, tout cela ne manquera pas de servir en cas de retour de Trump à la Maison-Blanche. Le premier mandat était surtout un exercice de petite corruption à moitié improvisé. Un second mandat serait l’occasion d’installer une corruption systémique au cœur de la machine d’Etat. Il existe un terme pour désigner ce type de régime: Etat mafieux.

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