C'est l'histoire d'un journal viral africain qui n'existe que sur PDF

Qui aurait pu prédire le succès de The Continent? Lancé de Johannesburg avec pour ambition de couvrir toute l’Afrique, le titre ne possède ni version papier, ni vrai site web, ni rédaction physique. Mais il tire intelligemment profit de Whatsapp pour diffuser un journal digne de ce nom, qui mêle exigence éditoriale et sens de la débrouille. Portrait d’un des enfants bénis du Covid.

Portion de une du numéro 159 de The Continent, en date du 27 avril 2024, dédié au Sahel.
Portion de une du numéro 159 de The Continent, en date du 27 avril 2024, dédié au Sahel.

C’est l’histoire d’un ovni journalistique qui révolutionne le paysage médiatique africain. Sur la forme, The Continent est un journal tout ce qu’il y a de plus classique, avec ses unes souvent illustrées qui rappellent l’esprit du New Yorker, avec son sommaire classique (généralement moins d’une dizaine d’entrées) et sa mise en page tout ce qu’il y a de plus sobre. Simple, efficace et… introuvable en kiosque.

Un PDF et c’est tout

Car l’hebdomadaire n’a de l’ancien monde que l’apparence: The Continent est en réalité un fichier PDF diffusé sur Whatsapp. Et ça cartonne. Après quatre années d’un incroyable bouche-à-oreille numérique, le magazine africain est envoyé gratuitement à près de 30’000 abonnés dans plus de 140 pays chaque semaine. En comptant les partages, l’équipe estime à plus de 100’000 le nombre de lecteurs. Les numéros peuvent être téléchargés sur leur site web.

On aurait aimé raconter les bureaux de ces pionniers dont la plupart sont trentenaires. On imaginait quelque chose de jeune et cool, avec un faux air de Silicon Valley à Johannesburg, où le magazine a vu le jour. Seul hic: ils n’ont pas de bureaux. Leurs conférences de rédaction se résument à une dizaine de joyeux confettis sur un écran d’ordinateur: tout se fait en ligne.

«On n’a pas les moyens d’avoir des locaux et puis on est dispersés sur le continent, ça n’aurait pas vraiment de sens», explique Simon Allison, l’un des créateurs du journal. Visage bonhomme dissimulé derrière de larges lunettes et une barbe finement taillée, le Sud-Africain a plus l’allure d’un bon vieux gratte-papier que celle d’un entrepreneur de la tech. C’est pourtant lui qui a eu l’idée de secouer le paysage médiatique en amenant The Continent sur Whatsapp.

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Simon Allison, un des cofondateurs de The Continent (courtoisie)

Pourquoi Whatsapp ? Retour à la genèse du projet.

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