Bambocheur, ouvert d’esprit ou timide? Demandez à votre montre
Pour cela, j’ai fait passer un test de personnalité à 230 personnes. Je les ai ensuite équipées de montres connectées et j’ai collecté, pendant plusieurs mois:
leur nombre de pas,
leur rythme cardiaque,
leurs activités physiques
et leurs données de sommeil.
A revoir: nos PopScience sur le cyber
Avec tout ça, j’ai pu mettre en place un modèle statistique capables de prédire, avec une précision non négligeable, les traits de personnalité d’un individu. Exemple:
le nombre de pas, en particulier les vendredis et samedi soir, sont typiques des personnalités plutôt extraverties;
la stabilité émotionnelle est liée à un sommeil de bonne qualité;
quant à l’ouverture d’esprit, elle est liée à la manière dont la fréquence cardiaque varie au fil du temps.
Le but ici n’est pas de réaliser des analyses psychologiques extrêmement précises. Je ne cherche pas à démontrer que les gens qui sortent tard sont tous extravertis. Toutefois, il serait possible de dessiner des portraits plus précis, avec un plus grand nombre de données et de participants. Si je peux le faire avec les données de 230 personnes, une entreprise comme Google, qui a accès aux données de millions d’individus, sera forcément plus efficace. Et plus dangereuse.
Les données, un outil de propagande en devenir?
Et ce n’est pas votre seule empreinte numérique: en naviguant sur internet, en utilisant une carte de crédit, ou en utilisant un réseau social, vous semez derrière vous des quantités astronomiques de données personnelles. Elles sont ensuite stockées, et utilisées par de grandes entreprises, comme Facebook ou Google, et ce dans leur propre intérêt:
publicité personnalisée,
discrimination à l’embauche
ou encore propagande politique ciblée
Voir aussi: D'Alexa aux filtres TikTok, gare à vos données biométriques
Imaginez maintenant qu’un parti politique (par exemple) ait accès à des profils psychologiques à l’échelle d’une population entière. Ils pourraient alors jouer sur la personnalité des gens afin cibler leur propagande à l’échelle individuelle, et ce, sans consentement.
Maintenant que les risques sont connus, il nous reste le plus difficile: trouver comment les minimiser. Car l’information, c'est le pouvoir, et un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.»