abo Intelligence artificielle: l'Europe travaille à convaincre le monde
Pour beaucoup d'acteurs, le besoin de réglementer l'IA se fait impérieux. L'ancien directeur du Conseil de l'Europe, Jan Kleijssen, milite pour que le travail pionnier conduit à Bruxelles sur ces questions débouche sur un cadre réglementaire mondial, Etats-Unis compris. Un travail déjà engagé dans la coulisse. Entretien avec un homme au cœur de la machine.
L’intelligence artificielle doit être régulée. Tout le monde semble d’accord, y compris les patrons d’entreprise qui développent ces technologies, à l’image du CEO d’OpenAI Sam Altman. L’Union européenne est en bonne voie pour adopter un cadre réglementaire, l’AI Act.
Jan Kleijssen, ancien directeur du Conseil de l’Europe, dont la Suisse est membre, était de passage à Genève le 14 juin 2023 pour s’exprimer sur la régulation des IA à l’Intelligence Artificial Geneva Summit. Il est aujourd’hui membre du conseil consultatif de l’ONG AllAI, qui œuvre pour le développement d’une IA responsable. Il plaide pour un cadre international.
Heidi.news — L’Union européenne s’est démarquée en étant pionnière sur la régulation des IA. Que pensez-vous de l’AI Act, qui doit bientôt être voté par le Parlement européen?
Jan Kleijssen — C’est un bon début. A l’origine, la Commission européenne avait imaginé l’IA Act comme un instrument de régulation du marché. Les travaux du Parlement européen ont élargi son champ d’action, en imposant notamment des garanties pour limiter les risques liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle. La responsabilisation des fournisseurs et la sensibilisation des consommateurs font également partie du projet. C’est encourageant, mais l’IA Act ne s’avérera contraignant que pour les 27 Etats membres de l’Union européenne. Il faut aller encore plus loin.