Cybersécurité: le Conseil fédéral devra être transparent sur le fiasco Xplain

Le piratage de la société informatique alémanique Xplain a conduit à disséminer des données sensibles de plusieurs polices cantonales, de l’Office fédéral des douanes ou encore de l’Office fédéral de la police. L'administration va devoir tirer les leçons de ce fiasco hors norme.

Image d'illustration. | Unsplash
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La Suisse a la réputation d’être un pays qui affectionne particulièrement le secret – qu’il soit bancaire, fiscal ou diplomatique. Elle lui doit d’ailleurs une partie de sa richesse. Mais le piratage du prestataire informatique Xplain pourrait bien ternir cette image. La presse alémanique a révélé la présence d’informations particulièrement sensibles sur le plan sécuritaire et diplomatique parmi les données volées à Xplain et publiées sur le dark web.

Face aux risques que représente la situation, le Conseil fédéral a donc mis sur pied un état-major de crise. Car c’est bien d’une crise dont il est question. Pour preuve, la Police fédérale a contacté les médias – dont Heidi.news – qui ont mentionné le nom des pays dont les ambassades ont été concernées par la fuite de données pour leur demander de retirer ces précisions, invoquant des risques pour la sécurité de ces représentations.

La Confédération est probablement occupée pour l’instant à protéger ses réseaux pour contrecarrer les éventuelles tentatives d’intrusion qui s’appuieraient sur les informations rendues publiques. Mais elle devra également établir les responsabilités, revoir ses processus et surtout faire preuve de transparence à l’égard de la population, qui est en droit d’obtenir des explications sur les causes de ce fiasco d’ampleur.

Du pain sur la planche pour une commission d’enquête

Comment se fait-il que des offices fédéraux transmettent des données sensibles, qui permettent d’identifier des individus, révèlent des dispositifs de sécurité ou permettent d’accéder à des systèmes internes, à un prestataire externe, sans qu’elles ne soient chiffrées? Ces offices ont-ils régulièrement audité la sécurité de cette entreprise? Existe-t-il des processus internes au sein de la Confédération concernant la gestion de telles informations vis-à-vis de fournisseurs tiers?

Certains élus fédéraux, qui ne souhaitent pas être cités nommément, s’interrogent même sur la pertinence d’une commission d’enquête parlementaire. Vu la gravité des faits, c’est une éventualité qui ne paraît pas du tout exclue.

L’affaire intervient alors que la Swiss Digital Initiative (SDI), une organisation co-financée par la Confédération et présidée par l’ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard, a récemment présenté à Paris son «Digital Trust Movement» pour sensibiliser sur le thème de la confiance numérique.

La SDI a établi 35 critères à respecter pour les entreprises. On y lit que les services doivent par exemple chiffrer les données et les anonymiser. Nul doute que l’administration fédérale pourrait y trouver une bonne source d’inspiration pour ses propres processus. Le Conseil fédéral va avoir fort à faire pour réparer les dégâts. La bonne nouvelle, c’est que l’on ne peut que remonter après avoir touché le fond. En principe.