Avec la biodiversité, nous vivons dans un réseau social géant [VIDEO]

L'épicéa, pour vous, c'est juste un arbre qui pique? Figurez-vous que c’est en fait bien plus que ça! Après avoir identifié plus de 30’000 relations entre les espèces animales, végétales et l’humain, Pierre-Louis Rey nous explique ce qu'il en a fait, car c’est le sujet de sa thèse, réalisée à l'Université de Lausanne.

«Vous le savez sans doute: sans biodiversité, pas de vie humaine. Les végétaux et les animaux ont tous une utilité, qu’on peut appeler “contribution de la nature à l’homme”. L’idée de ma thèse, c’est d’étudier l’apport des espèces à l’humain. On peut autant parler d’un simple brin d’herbe comme du sapin, ou du canard au bord du lac et du bouquetin perché sur ses falaises.

Tout ça pour établir un genre d’énorme réseau social: la plus grande table de relation connue à ce jour entre les fonctions de plus de 2’000 espèces suisses et le bien-être de l’humain. Finalement, la biodiversité, c’est juste un énorme Facebook, où tout le monde pourrait créer un lien avec tout le monde.

Les êtres vivants interagissent entre eux, et c’est indispensable pour le bien-être des écosystèmes et de l’humain. Et s'il y a bien un endroit pour illustrer tout ça, c’est sur Pandora, l’exolune d’Avatar.

De Pandora aux Alpes suisses

Par exemple, Eywa, la divinité des Na’vi, c’est un arbre spirituel qui sert aussi pour la guérison et la communication. Les scientifiques du film essaient de comprendre son fonctionnement et son apport pour l’équilibre de l’écosystème.

Voir aussi: Géopolitique des arbres: comment avoir des forêts harmonieuses

Figurez-vous que mon travail, c’est de trouver les fonctions de chaque espèce comme avec Eywa, mais sur Terre. Sauf que sur Terre, et même pour être plus précis en Suisse, on n’a jamais rassemblé toutes ces connaissances pour identifier notre relation avec les espèces.

Par exemple, prenez Eywa et remplacez-le par notre épicéa! Sans même avoir besoin de relier votre queue de cheval à sa branche, avec mon travail, vous saurez alors que l’épicéa peut vous être utile:

  • pour le chauffage,

  • la construction,

  • les soins thérapeutiques,

  • la captation du dioxyde de carbone (CO2),

  • ou encore pour limiter les glissements de terrains.

Là, vous avez cinq contributions de l’épicéa à l’humain, mais au total, en Suisse, on compte plus de 30'000 relations entre les 2’000 espèces et l’humain.

Avec cette base, vous vous rendrez compte que toutes les espèces sont indispensables à notre équilibre et à notre environnement. Et là, la question qui fâche:

Est-ce que cet équilibre est bancal pour le futur ou non?

Après tout, avec le réchauffement climatique et la disparition de certaines de ces espèces, la question se pose. La réponse, on l’obtient à l’aide de statistiques, en modélisant où se trouveront toutes ces espèces dans le futur, en fonction des différents scenarii climatiques!

Sur Pandora, ils ont tout compris

Ces cartes du futur nous permettent de savoir là où l’équilibre de notre environnement sera en péril ou non! Savoir si son fonctionnement sera modifié à cause des migrations ou des disparitions des espèces de notre territoire.

Voir aussi: Les arbres peuvent être obèses, et c’est notre faute

Les premiers résultats montrent qu’avec un réchauffement climatique, qu’il soit fort ou très fort, cet équilibre aura changé et l’homme va perdre en qualité de vie avec une diminution de la contribution de la nature.

Nous ne parlons pas d’un spin-off d’Avatar, mais bien de notre monde réel! Alors oui, c'est important de limiter nos émissions de CO2, de protéger les ours polaires et leur banquise, mais ça ne suffit pas. Si l’on veut maintenir un équilibre et notre bien-être, toutes les espèces, même les plus basiques comme le pissenlit, sont à prendre en compte.

Sur Pandora, ils l’ont bien compris.»