[VIDEO] Non, tous les insectes ne sont pas une menace pour l'agriculture

On ne s’en doute pas, mais derrière les salades, les plants de tomates ou épis de maïs, une véritable guerre se joue entre deux camps: les insectes ravageurs et les insectes auxiliaires. Avec un risque nucléaire pour tous: les pesticides.

Un insecte auxiliaire, qu’est-ce que c’est? Ce n’est pas une nouvelle espèce d’insecte! En se promenant au jardin ou au bord d’un champ, vous avez peut-être déjà remarqué la présence de coccinelles, de guêpes ou autres petites bêtes à six pattes sur les plantes. Les insectes auxiliaires mangent, parasitent les ravageurs des cultures ou jouent un rôle important dans la production de graines. En fait, ils aident les agriculteurs à avoir de bonnes récoltes et à limiter l’emploi de pesticides.

Comme vous l’ignorez pas, les pesticides peuvent être nocifs pour l’environnement. Par exemple, ils peuvent causer des pollutions, se retrouver en faible quantité sur les aliments que l’on mange, ou encore — c’est notre sujet — tuer les insectes pollinisateurs. Or, ces derniers sont indispensables à une bonne pollinisation des fleurs, afin que les plantes produisent des fruits. Sans pollinisateurs, on devrait se passer de pommes et de tomates par exemple. Triste, non?

De façon générale, nombreux sont les insectes à avoir un rôle favorable aux cultures. Faisons les présentations.

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Prédateur et parasitoïde: quelle différence? On définit par le termes d’«auxiliaires» tous les organismes vivants qui ont un impact positif sur la culture, par opposition avec les insectes ravageurs. Il existe trois types d’insectes auxiliaires:

  • Les plus connus sont les pollinisateurs. Par exemple, les papillons ou les abeilles qui viennent se nourrir du nectar des fleurs emportent avec eux du pollen et le déposent sur le pistil d’une autre fleur. Le transport de pollen d’une fleur à l’autre s’appelle la pollinisation. Si le pollen est compatible, la fleur est fécondée et produit des graines.

  • Ensuite, il y a les prédateurs. Ceux-là, ils se mettent à la chasse, capturent leur proie et la dévorent. Par exemple, les larves de coccinelles sont d’excellentes prédatrices de pucerons et d’autres ravageurs de cultures. Grâce à leur mâchoire développée, elles peuvent manger des proies presque aussi grandes qu’elles.

  • Et finalement, il y a les parasitoïdes. Leur spécialité, c’est de pondre leurs œufs dans d’autres insectes. Il existe de nombreuses espèces de micro-guêpes qui peuvent ainsi parasiter d’autres insectes. Ensuite, l’œuf éclot et la larve qui en sort va grandir dans le corps de son hôte. L’insecte parasité va mourir lentement en se faisant manger de l’intérieur par la larve de guêpe. La petite guêpe devenue adulte pourra ensuite sortir et aller parasiter d’autres insectes. Une sombre histoire.

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Et il n’y a pas que les insectes. Des vers microscopiques à l’œil nu, les nématodes, peuvent aussi aider les plantes à se défendre en parasitant les larves d’insectes jusqu’à leur mort. Il existe également des champignons appelés mycorhizes qui vivent en bonne entente avec les racines des plantes. Ils facilitent l’absorption de l’eau et des nutriments présents dans le sol et protègent les racines des maladies.

L’emploi d’insectes auxiliaires pour les cultures, notamment sous serre, est très répandue en Suisse. C’est notamment l’une des missions du groupe entomologie de l’Agroscope, qui y travaille depuis le début des années 80. Selon ce dernier, «l’efficacité de ces méthodes au moyens d’organismes auxiliaires a globalement permis en 30 ans une diminution, estimée à 50 à 80 % selon les cultures, des traitements insecticides dans les productions de légumes-fruits sous serre». Tout ça pour éviter une guerre nucléaire à base de pesticides.