L’açai, ce «superfruit» brésilien qui s’attaque au marché suisse

Les vendeurs de bols d'açaï font fureur à Genève. Pourquoi ce superfruit exotique, comme il est présenté, connait un tel succès au bord du Léman? Et c'est quoi, un superaliment?

Depuis 2019, de plus en plus de vendeurs d’açai se sont installés en Suisse, qui comptent également plusieurs importateurs, dont certains produisent également la baie violette directement en Amazonie, dans l’état du Parà. Comme vous allez probablement en consommer dans les mois qui viennent, Heidi.news s’est penché sur cette tendance.

A la conquête de la Suisse. L’açai ne pousse pas en Suisse. Ce fruit, il nous vient directement de la forêt amazonienne, au Brésil. Et il rencontre un certain succès à Genève: au moins une dizaine de commerces proposent ce smoothie pourpre aux propriétés instagrammables. C’est plus qu’à Lausanne, Bâle et Zurich réunies.

A l'origine, c'est la communauté brésilienne qui a importé la tendance. Depuis, elle se répand et explose, notamment portée par les milieux sportifs: cette baie est très consommée, plutôt sous la forme de poudre, par exemple dans le fitness ou le MMA.

Superfruit, vraiment? Si on retrouve de l’açai un peu partout en Suisse et en Europe, c’est pour son côté «superaliment», dont les sportifs raffolent. Graines de chia, baies de Goji ou même avocats, on les appelle ainsi parce qu’ils affichent des apports nutritionnels intéressants, notamment en ce qui concerne les antioxydants, les vitamines ou les protéines.

Côté science, c’est un peu plus complexe. Il n’y a pas de définition scientifique de ce qu’est un superaliment. Concernant l'açai, c'est le fait qu'il soit violet qui lui donne son statut de superaliment. Sa couleur vient des anthocyanes, à qui on prête des qualités antioxydantes. La société suisse de nutrition n’est pas emballée: il n’y en a pas plus dans l’açai que dans les myrtilles suisses.

Le nouveau quinoa? Mais quel est l’impact sur les populations locales? Un autre «superaliment», super connu qui a eu un super succès, c’est le quinoa. En 2013, l’ONU déclare l’«année internationale du quinoa» et lance une importante campagne de promotion. Résultat: la demande s’envole, la production aussi. L’effet immédiat: après s’être envolé, le prix du kilo de graines est depuis en forte baisse, ce qui a causé quelques tensions sur le marché pour les populations locales.

Du côté de l’açai, on n'en est pas encore là, selon Nathalie Cialdella, agronome pour le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Dans une interview donnée à Heidi.news, elle explique que l’açai est beaucoup plus difficile à cultiver, puisqu’il vient du fin fond de l’Amazonie, qu’il consomme beaucoup d’eau et se dégrade très vite. Les entreprises sont obligées de le congeler pour le faire venir en Europe par exemple.

Pour l’instant, la consommation reste donc très locale, environ 80% est consommée en Amazonie. Et très limitée en Suisse et en Europe. Mais si la tendance se poursuit, reste à voir comment les producteurs gèreront la hausse de la demande.

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